Le deuil pathologique ne correspond pas à une norme, et il n’est pas possible de dire que tel ou tel type de décès va provoquer un deuil pathologique : c’est propre à chaque personne.
Plusieurs membres d’une même famille peuvent vivre un deuil de la même manière, ou chaque membre peut réagir différemment. Chacun vit sa propre résonance avec le deuil en question.
Chaque personne vit son deuil différemment
Ainsi, un deuil peut vous sembler inacceptable et provoquer un deuil pathologique, tandis que d’autres vont le vivre beaucoup plus facilement. Et il n’est pas possible d’anticiper la situation qui va provoquer un deuil pathologique. C’est plutôt telle personne est susceptible d’en vivre un.
Parfois le deuil pathologique survient en résonance avec un deuil plus ancien qui n’a pas été fait correctement, qui n’a pas été traversé, bien qu’on en ait eu l’impression. Dans ce cas le nouveau deuil fait résonance et projette dans cet ancien deuil non digéré.
On parle de deuil pathologique quand les étapes du deuil sont traversées beaucoup plus difficilement que lors d’un deuil normal.
Prenons l’exemple d’un décès lié à un suicide. C’est souvent beaucoup plus compliqué car il y a beaucoup plus de colère et de culpabilité que lors d’un deuil normal. Vous pouvez vous dire alors : « j’aurais pu le/la protéger, j’aurais dû faire ceci, j’ai mal réagi ; c’est injuste, ce n’est pas gentil pour les enfants, je t’en veux », etc.
Les étapes de colère et de culpabilité sont beaucoup plus longues pour un suicide car de nombreux éléments les provoquent. Le fait que ce soit plus long peut provoquer un deuil pathologique, parce que là où un deuil normal dure en moyenne un an, dans ce cas cela peut durer beaucoup plus longtemps.
Il est plutôt sain que lors d’un deuil lié à un suicide cette phase de colère et de culpabilité soit longue.
Le tout est de le savoir et d’en avoir bien conscience.
Le deuil pathologique : un deuil plus long
C’est important car cela permet de digérer, de poser les bonnes questions, de bien se remettre les idées en place… Il ne faut donc pas se dénigrer parce que l’on réagit ainsi. C’est même plutôt positif parce qu’au moins le deuil est bien traversé. C’est préférable à la personne qui s’en sort bien tout de suite mais qui finalement, quelques années plus tard, est de nouveau confrontée au problème.
Dans le cas de la perte d’un enfant, il peut y avoir la phase d’idéalisation qui peut durer extrêmement longtemps. En effet, on idéalise alors un petit bout de chou qui n’a pas eu le temps de nous décevoir. On idéalise un bébé qui redevient l’enfant idéal que l’on avait dans le ventre, durant la grossesse. On n’a pas le temps d’être confronté à l’enfant réel, et donc cette phase d’idéalisation peut s’avérer compliquée.
Lors d’un accident brutal on peut se trouver confronté au déni. La première phase, ou étape, qui normalement dure quelques jours, peut alors durer plusieurs semaines.
En résumé, le deuil pathologique est une période durant laquelle vous sentez que le travail de deuil se fait vraiment difficilement. C’est compliqué, long, fastidieux… Vous avez l’impression de le vivre vraiment différemment des autres.
Il ne faut surtout pas hésiter à se faire aider
Quand vous êtes confronté à un deuil pathologique et que vous sentez que, avec vos seules ressources, c’est très difficile pour vous, n’hésitez pas à vous faire aider. D’une part pour éviter de culpabiliser par rapport à cela, d’autre part pour bien comprendre si ce que vous vivez est normal ou si en effet il existe un blocage qui doit être mis en évidence.
Parfois tel ou tel élément est en effet inconcevable, insupportable, et dans ce cas votre difficulté sera normale. Il faudra donc du temps.
Mais d’autres fois, la réaction est disproportionnée, étrange, et dans ce cas il convient de chercher dans l’histoire personnelle pour voir si une situation n’est pas à l’origine de la forte réaction au deuil.
Ce n’est pas grave de vivre un deuil pathologique, mais cela peut le devenir si vous laissez trainer les choses trop longtemps. Donc n’hésitez pas à vous faire aider.